De prime abord, le bouddhisme émergea autour de la vallée de l’Indus par « les Aryens ». Mohendo Daro et Harrapâ, sont les deux grandes cités de la vallée de l’Indus, ils étaient construites autour d’une gigantesque citadelle et à cette époque le brahmanisme était la religion principale, mais le bouddhisme viendra contre-carré et défaire cette popularité du brahmanisme puisqu’elle apportera « un vent de renouveau et de fraîcheur en Inde, car elle n’est pas d’accord avec le système de castes et de l’élitisme brahmanique. Il y’ aura donc un syncrétisme de la culture Dravidienne et du pouvoir des brahmanes, mais sans toutefois contester l’autorité des brahmanes, les Upanisad proposent une interprétation symbolique de l’acte rituel. Mais c’est au VIe siècle av. J.-C. qu’une effervescence religieuse vient contester l’autorité établie et proposer des pratiques de rechange, possiblement inspirées par celles qui prévalaient avant l’invasion aryenne. Le jaïnisme et le bouddhisme sont deux des mouvements rebelles qui s’opposent à la structure socioreligieuse de l’époque en rejetant le pouvoir des rituels et par conséquent, l’autorité des brahmanes et celle des textes védiques. En bref, c’est deux cultures qui s’opposent mutuellement…
Alors, Siddhârta Gautama qu’on surnomme le bouddha (l’Éveillé) naquit de parents ksatriya dans un petit village du Népal actuel, appelé Lumbinî. Siddhârta était un prince et fut élevé dans « le coton » n’ayant jamais vu la misère et la souffrance que son peuple endure, car il n’a jamais outrepassé les limites de son palais puisque tous ses désirs étaient comblés de l’intérieur. Désirant un héritier, le père de Gotama voulait que son fils suive ses traces. Pour éviter que son fils n’abandonne la vie mondaine afin de s’engager sur la voie radicale de l’ascétisme et de la renonciation, il tenta d’exclure de la vie de Gotama tout ce qui pourrait stimuler son désir d’entreprendre une quête spirituelle. Le cocon protecteur tissé par son père lui avait permis de grandir sans jamais être exposé à la maladie, à la vieillesse et à la mort. D’après la tradition bouddhique, le jour de la naissance de Râhula (empêchement) qui était son cousin fut décisif pour l’orientation de Gotama, car, pour la première fois, il s’aventura hors des limites du palais. Lors de sa brève aventure, Gotama fut témoin de quatre scènes. D’abord, il croisa un homme gravement malade, ensuite il rencontra un vieillard au crépuscule de sa vie, puis il vit un cadavre en putréfaction allongé sur la route. Et sa quatrième vision; c’est celui d’un « moine serein » qui se promenait joyeusement et allègrement sur le chemin… c’est à partir de cela, qu’il décida de devenir un ascète, car maintenant, il se demandait : « À quoi bon vivre si le corps doit inéluctablement devenir malade, dysfonctionnel et mourir? Y” a-t-il une solution à cette inhérente souffrance existentielle? Et comme nous le savons, c’est à partir de la quatrième vision et surtout à cause de son insatisfaction vis-à-vis de son existence humaine, qu’il décida de devenir un ascète parce que le moine rencontré précédemment était serein malgré tous les souffrances, maladies, douleurs et la mort que le monde contient malheureusement et véritablement!
Et, cette dernière vision fut très inspirante pour le futur représentant du bouddhisme traditionnel. Ensuite, dans la psychologie bouddhique ; l’on retrouve les cinq agrégats qui sont les seuls constituants de l’individu : il y a la matière (rûpa) qui est le corps physique ou porte sensorielle, ensuite il y a les sensations (vedanâ) et c’est subjective après on retrouve la reconnaissance ou (perception) qui est (la sannâ) pour l’interprétation, ensuite il y a les activités karmiques (sankhâra) qui sont les types de réaction et la conscience (vinnâna) qui est toujours reliés à un sujet ou à la matière parce que dans la psychologie bouddhiste : la conscience n’est jamais seule ou conscience pure. En bref, les cinq agrégats sont liés à la doctrine de la production conditionnée bouddhique. La tradition Mahayana fut « très populaire et subversive »; après la mort du Bouddha alors, le premier concile a eu lieu à Rajagraha (un an après la mort du bouddha, i.e. 486 avants J.C.). D’ailleurs, il y a eu de nombreux schismes dans cette tradition, mais le troisième concile se déroula au Asokârama de Pataliputta sous le règne du roi Ashoka. Mahinda, le fils d’Ashoka, aurait propagé la religion bouddhique vers le Sri Lanka et plusieurs autres émissaires auraient propagé la religion vers l’ouest et vers l’est, possiblement jusqu’en Birmanie. Alors, c’est ainsi que le bouddhisme se propagea à travers le continent et eu de nombreux « fervents et pratiquants » parce qu’elle n’est point dogmatique et acceptera même les femmes dans la communauté monastique (Sangha) ce qui est nouveau en Inde puisque nous savons que « les brahmanes » fonctionnaient en « système de castes » et que les femmes étaient toujours subordonnées à une présence masculine. Dans le bouddhisme ; l’on pratique les méditations (tantrisme, brâvana, sutta etc.) la prière et c’est une mode de vie spirituelle axée sur le moment présent- « car quoi que vous fassiez, vous devriez être pleinement attentif et conscient de votre acte à l’instant même où il est accompli. Cela veut dire que vous devriez vivre ainsi dans le moment présent, dans l’action présente. Cela ne signifie pas que vous devriez renoncer à penser au passé et à l’avenir. Il vous faut y penser au contraire, mais en relation avec le présent, avec l’action du moment, quand et où cela est à propos.
[2] »
Le bouddhisme comme nous le savon est une mode de vie spirituelle et elle est axée surtout sur l’ascétisme ou le renoncement aux plaisirs qui est source de douleur ou souffrance (dukkha) pour suivre la voie du bouddha (dhamma) afin d’atteindre le nirvana. Et en parlant de nirvana; il y a un philosophe qui est l’un des fondateurs du pessimisme, il s’oriente vers le pragmatisme en remplaçant « l’idée » de Hegel par la Volonté comme principe de tout! C’est Arthur Schopenhauer, pour lui; l’unique chose en soi, c’est la Volonté qui apparaît comme une puissance irrésistible de vie et de croissance. Cette Volonté qui engendre dans l’homme la conscience qui d’ordre intellectuel, mais n’est pas une réalité nouvelle, mais plutôt une excroissance illusoire projetant dans le monde irréel des idées ce que la Volonté réalise. Ce vouloir universel et éternel « c’est la Volonté de Vivre ». Mais ce vouloir-vivre ou bonheur qui est relié aux désirs insatiables, reste non-assouvi, il devient donc une souffrance. Ainsi, chaque degré de perfection, en multipliant les désirs multiplient les douleurs; la douleur est l’état naturel de l’homme et le but où tend la nature. Notre monde est le pire qui soit! (pessimisme /nihilisme) C’est pourquoi, selon Schopenhauer, tous les préceptes d’une morale raisonnable se résume en un seul : « Détruire en nous, par tous les moyens, la volonté de vivre », mais pour atteindre ce but, les moyens violents ou physiques ne sont pas efficaces (Ex. : comme le suicide). Schopenhauer enseigne qu’il faut parcourir la double étape de l’art et de la contemplation bouddhique. L’art, d’abord, retrouve dans l’évolution des choses où se répand le vouloir-vivre, l’idée unique, stable et impersonnelle dont l’expression fait la beauté, et par-là, il s’évade de la vie et de ses désirs douloureux. C’est-à-dire le bonheur dans l’oubli de soi pour atteindre comme chez les bouddhistes « le nirvana! »
Pour continuer plus en détail, dans la perspective du bonheur — elle n’a aucune positivité : c’est la simple suspension de la souffrance. Schopenhauer considère que le bonheur n’est rien de positif, mais tout entier négatif, et consiste uniquement dans la cessation provisoire d’un manque. Le bonheur est donc illusoire, en raison de la nature insatiable du désir. De même que fumer une cigarette n’apaise, dans l’instant, le désir du fumeur que pour l’attiser ensuite, le fait de mettre un terme à la souffrance, c’est-à-dire à l’insatisfaction, revient à y substituer l’ennui, avant une souffrance supérieure. Le bonheur n’est que la « cessation d’une douleur ou d’une privation et, pour remplacer ces dernières, ce qui viendra sera infaillible ou une peine nouvelle, ou bien quelque langueur, une attente sans objet, l’ennui » Pour sortir de ce cercle infernal, c’est au désir lui-même qu’il faudrait renoncer, mais comment désirer ne plus désirer sans être le serpent qui se mord la queue? Schopenhauer complète ce point en établissant une hiérarchie des moyens qui, selon lui, nous permettent de sortir de la souffrance : tout d'abord, il y a l’art, qui nous fait faire le premier pas en direction de la contemplation pure ; puis il y a la morale qui, grâce au sentiment de pitié, nous fait sortir de notre égoïsme premier; et enfin, il y a le renoncement à tout vouloir-vivre, qui nous détourne de toute représentation. La force et le génie de Schopenhauer résident bien selon moi, dans le fait d’avoir postulé que le flux de représentation, qui constitue la relation de l’homme au monde, n’est ni purement subjectif, ni transcendant, mais ancré dans la volonté de la nature se voulant elle-même!
La volonté explique, en effet, mieux que toute autre chose, pourquoi il n’y a pas de sujet sans objet, ni d’objet sans sujet. Par la volonté d’une vie voulant vivre en nous comme dans la nature, il devient possible de comprendre pourquoi nous ne pouvons pas ne pas penser, et pourquoi rien n’est insignifiant, neutre ou muet dans la nature. Ensuite, pour sortir de cette volonté Schopenhauer voit la solution dans une sorte de fuite, de retraite, un refus de vouloir. Là encore, il s’inspire de la philosophie orientale et plus particulièrement de la philosophie bouddhiste qui préconise que « l’existence est faite de souffrance (dukkha) alors il faut éviter les plaisirs par le renoncement ou le non-soi pour ensuite suivre la voie du Bouddha (dhamma) afin d’atteindre le nirvana!
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LES QUATRE NOBLES VÉRITÉS
En bref : « Voici, ô moines, la vérité mystique [litt. : la noble vérité] sur la douleur : la naissance est douleur, la maladie est douleur, la mort est douleur, l’union avec ce qu’on déteste est douleur, la séparation d’avec ce qu’on aime est douleur, l’impuissance à obtenir ce que l’on désire est douleur. En résumé, les cinq agrégats d’appropriation sont douleur.
Voici encore, ô moines, la vérité mystique sur l’origine de la douleur : c’est la soif qui conduit de naissance en naissance, accompagnée de jouissance et d’attraction, qui cherche satisfaction ici et là : soif des plaisirs des sens, soif de l’existence, soif du devenir et soif du non-devenir.
Voici encore, ô moines, la vérité mystique sur la suppression de la douleur : c’est l’arrêt complet de cette soif, la non-attraction, le renoncement, la délivrance, le détachement.
Voici encore, ô moines, la vérité mystique sur le chemin qui conduit à l’arrêt de la douleur : c’est le chemin mystique à huit membres qui s’appelle vue juste, intention juste, parole juste, action juste, mode de vie juste, effort juste, vigilance ardente et juste, et juste samâdhi.
Telle est la vérité mystique sur la douleur. Ainsi, ô moines, toutes les choses jusqu’alors inconnues, mes yeux se sont ouverts, et apparurent connaissance, sapience, science et lumière.
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En somme, pour Schopenhauer : l’ascétisme est, selon lui, le seul recours. Cependant, l’art ouvre également une porte. Il permet à l’homme de renoncer à ses propres intérêts en se consacrant entièrement à la recherche de l’esthétique. Schopenhauer établit des hiérarchies entre les différentes formes d’art. Il considère la tragédie avec son effet de catharsis et la résignation qu’elle implique, comme l’une des formes supérieures de l’art. D’ailleurs, il existe un art capable d’atteindre directement la volonté elle-même, sans passer par l’objectivation de l’idée. « La musique nous donne ce qui précède toute forme, le noyau intime, le cœur des choses. » Elle est la plus profonde, le plus puissant de tous les arts. Nul mieux que Schopenhauer n’a justifié la signification universelle du génie de Mozart et de Beethoven. Bien au-delà d’une sentimentalité individuelle, c’est le monde même, comme volonté, qui est répété dans ses harmonies et ses dissonances. En dehors du tout concept, le langage immédiat de la musique est « un exercice métaphysique inconscient ».
La musique est la forme suprême de l’art! Il n’en résulte pas que la philosophie doive faire place à l’art ou se transformer en philosophie de la musique; mais le rapport du philosophe et de l’artiste est posé en termes nouveaux. » Si la philosophie a été longtemps cherchée en vain, c’est qu’on voulait la trouver par la voie d’une science et non par la voie de l’art. » Si, comme tout art, elle est répétition du monde comme volonté, elle retient aussi de la science la rationalité et l’abstraction du concept. Le retentissement de cette métaphysique de l’art ne se limitera pas au « wagnérisme » de la fin du XIXe siècle, mais il se prolonge, au moins indirectement par Nietzsche, dans une interrogation et critique vitale de la métaphysique de Schopenhauer…
Alors, pour clarifier et résumer la pensée Schopenhauerienne : c’est que « L’essence du monde, c’est la volonté… un Vouloir-Vivre aveugle et privé de raison qui anime tous les corps. Ce Vouloir-Vivre, qui vise la survie de l’espèce, se sert des individus (particuliers) pour parvenir à ses fins. (D’ailleurs, on n’est que des exemplaires de l’espèce) Aussi, la lutte que mène chacun pour satisfaire ses désirs est elle-même vouée à l’échec : L’homme, esclave de ses désirs sans cesse renaissants, est condamné au malheur. Alors, les seules voies de salut possible sont : (L’art : qui permet de contempler les idées! et (Le bouddhisme : pour contrer toutes désirs. Finalement, c’est par le refus de vouloir-vivre!
CONCLUSION
Nous avons tenté, au cours de ce travail, une petite analyse comparative se basant sur un point de vue théorique commun entre le bouddhisme Mahayana et la pensée schopenhauerienne : une certaine forme de renoncement à la vie est présente dans les deux doctrines puisque pour le bouddhisme; il y a le renoncement aux plaisirs qui est source de douleur ou de souffrances (dukkha) tandis que pour Schopenhauer : il faut détruire à tout prix ce Vouloir-Vivre aveugle et universel, cette pulsion insatiable qui pousse l’homme à survivre, à objectiver et à réaliser quelque chose. Par une génération hâtive, Schopenhauer fait de cette volonté la propriété de toute réalité, tant de la nature que de la culture. Pour finir,
Schopenhauer et Bouddha sont de « Grands Sages » qui ont influencé et marqué les gens et l’humanité entière dans le côté positif et c’est pour cela d’ailleurs, qu’on les étudiera toujours de génération en génération, car ils prêchent « la bonne nouvelle, » par leurs pensées ou philosophies; ils contribuent et aident à renforcer la compassion des individus l’un envers l’autre!
BIBLIOGRAPHIE
j N.B. La plupart des textes et références de ma dissertation sont inclus dans
SCHOPENHAUER, Le Monde comme volonté et comme représentation, trad. A.Burdeau, Paris, PUF, 1992.
WALPOLA RAHULA, L’enseignement du Bouddha d’après les textes les plus anciens, Paris, éditions du Seuil, 1961.
FRANÇOIS CHENG, Le Dialogue, Collection Proches Lointains, Imprimerie Floch à Mayenne en 2002.
HEINZ BECHERT et RICHARD GOMBRICH, Le monde du Bouddhisme, Édition Thomas & Hudson SARL 1998, pour la présente édition.
JEAN-FRANÇOIS REVEL, Le moine et le philosophe, Mathieu Ricard et Nil éditions, 1997 Paris.
HULIN, SERGE. Qu’est-ce que l’ignorance métaphysique?, J. Vrin, Paris, 1994, pp.7- 43.
MAHÂVAGGA, 1.6.19 et sqq., trad. Par Lilian Silburn, Aux sources du bouddhisme, p.37.
[1] La sotériologie constitue les éléments de la doctrine qui, au sein d’un système religieux, se rapporte au salut.
[2] WALPOLA RAHULA, L’enseignement du Bouddha d’après les textes les plus anciens, Paris, éditions du Seuil, 1961. p.99.
[3] En similitude avec les quatre Nobles Vérités bouddhiques qui sont : 1. Dukkha (souffrance)
2. Samaduya, l’apparition ou l’origine (de Dukkha) 3. Nirodha, la cessation (de Dukkha)
4. Magga, le sentier (qui conduit à la cessation de Dukkha) afin d’atteindre le Nirvana.
[4] MAHÂVAGGA, 1.6.19 et sqq., trad. Par Lilian Silburn, Aux sources du bouddhisme, p.37.