Sans doute chacun d'entre nous nourrissons des idéaux qui nous portent et nous donnent l'impulsion pour aller de l'avant dans notre travail et nos projets. Des idéaux qui concernent le devenir de notre existence personnelle : d'ailleurs, « c’est la nature elle-même qui assigne à l’animal le champ d’activité où il doit se mouvoir, et il le parcourt paisiblement, sans chercher à s’en écarter, sans même en soupçonner d’autre. À l’homme aussi, la divinité a fixé un but général : ennoblir l’humanité et s’ennoblir lui-même. À lui de rechercher les moyens de l’atteindre, à lui de choisir dans la société la place la plus convenable d’où il peut s’élever au mieux, et élever la société avec lui.[1]»
« Certes, ce choix est un grand privilège, car il n’est pas laissé aux autres créatures; mais c’est en même temps un acte qui peut détruire toute sa vie, déjouer tous ses projets, et le rendre malheureux. Peser sérieusement ce choix, c’est donc, assurément, le premier devoir de l’adolescent au début de sa carrière, s’il ne veut point abandonner au hasard ses affaires les plus importantes. Chacun d’entre nous a devant ses yeux un but qui lui paraît grand, à lui tout au moins; et qui l’est en vérité, lorsque c’est la conviction profonde, la voix la plus intime du cœur qui le dit : car la divinité ne laisse jamais le mortel tout à fait sans guide; elle parle à voix basse, mais assurée.
Or, cette voix est facilement assourdie; ce que nous avons pris pour de l’enthousiasme peut être le fruit d’un instant, que l’instant d’après va peut-être anéantir. Notre imagination s’enflamme peut-être, nos sentiments s’émeuvent, des illusions voltigent devant nos yeux et nous nous élançons vers le but avec ardeur, que la divinité, pensons-nous, nous a désigné; mais ce que nous avions passionnément étreint sur notre poitrine nous rebute aussitôt, et toute notre existence s’en trouve anéantie.[2] »
Il nous faut donc examiner sérieusement si une profession nous enthousiasme réellement, si une voix intérieure l’approuve, (comme le daïmon de Socrate[3]) ou bien si l’enthousiasme n’est qu’erreur, si ce que nous avions pris pour un appel de la divinité n’a été que tromperie. Mais comment parvenir à la vérité, sinon en remontant aux sources mêmes de notre enthousiasme?
Peut-être que notre « idéal futur » ne fut qu’enthousiasme « du moment » ou « vaine chimère » qui ne se réalisera point, car nous n’avons pas assez soigneusement pesé toutes les implications et tous fardeaux que cela exige nécessairement et véritablement; nous ne l’avons vu que de loin, et les lointains sont trompeurs... Nous ne l’avons malheureusement pas disséqué et n’avons pas vu tous les angles et perspectives possibles que contient notre idéal du futur! Et qui pourra nous venir en aide et nous conseiller? Nos parents, qui ont déjà parcouru le chemin de la vie et éprouvé les rigueurs du destin, notre cœur les appelle. Même notre propre raison ne saurait être ici la conseillère; car ni l’expérience ni l’observation approfondie ne lui prêtent appui, alors que le sentiment nous trompe et que l’imagination nous aveugle de notre future carrière qui est mise sur un piédestal!!! Et si, ayant examiné, la tête froide, les charges et les devoirs de notre future carrière, nous l’aimons encore et que persiste le feu de notre vocation, plus rien ne s’oppose à ce que nous l’assumions pleinement. L’enthousiasme et la précipitation ne peuvent plus nous ébranler et nous égarer. Bien sûr qu’il y a des obstacles dans la vie et des circonstances qui nous font défaut - comme notre corps, notre tempérament, notre discipline, notre volonté, etc. alors si vous ne pouvez pas vaincre l’obstacle pour réaliser votre idéal de carrière future – il vous faudra consacrer tout votre talent et toute votre énergie à changer de direction. Nous subissons tous des échecs et éprouvons des regrets. Ce qui compte, c’est ce que nous en faisons. Personne ne peut être le meilleur. Mais si vous donnez le maximum, ou bien vous éliminez l’obstacle ou bien vous trouvez une autre solution.
Et, pour finir, celui qui se prononce pour un état qu’il tient en haute estime tremblera de s’en rendre indigne. Il agira donc noblement, car noble sera sa position future dans la société. L’idée maîtresse qui doit nous guider et régir dans le choix d’une profession, c’est le bien de l’humanité et notre perfectionnement. On aurait tort de croire que ces deux intérêts s’opposent nécessairement, que l’un doive fatalement ruiner l’autre : l’humaine nature est ainsi faite que c’est seulement en oeuvrant pour le bien et la perfection du monde qui l’entoure que l’homme peut atteindre sa propre perfection. En bref : « travailler d’arrache-pied et y mettre tout son cœur, voilà le véritable secret de la réussite alors ne renoncez jamais aux buts que vous vous êtes fixés, car le temps se chargera du reste…[4]»
[1] KARL MARX, in Philosophie, éd. Et trad. Maximilien Rubel et al., Paris, Gallimard-Folio, 1994. p.11.
[2] Ibid: p. 12.
[3] C’est une sorte de «voix intérieur» à laquelle il est impératif d’obéir!
[4] Pour prendre connaissance d’une réflexion philosophique sur le choix d’une profession à venir, voyez « méditation d’un adolescent devant le choix d’une profession » de Karl Marx dans ses écrits de jeunesse ou de KARL MARX, in Philosophie, éd. Et trad. Maximilien Rubel et al., Paris, Gallimard-Folio, 1994.
« Certes, ce choix est un grand privilège, car il n’est pas laissé aux autres créatures; mais c’est en même temps un acte qui peut détruire toute sa vie, déjouer tous ses projets, et le rendre malheureux. Peser sérieusement ce choix, c’est donc, assurément, le premier devoir de l’adolescent au début de sa carrière, s’il ne veut point abandonner au hasard ses affaires les plus importantes. Chacun d’entre nous a devant ses yeux un but qui lui paraît grand, à lui tout au moins; et qui l’est en vérité, lorsque c’est la conviction profonde, la voix la plus intime du cœur qui le dit : car la divinité ne laisse jamais le mortel tout à fait sans guide; elle parle à voix basse, mais assurée.
Or, cette voix est facilement assourdie; ce que nous avons pris pour de l’enthousiasme peut être le fruit d’un instant, que l’instant d’après va peut-être anéantir. Notre imagination s’enflamme peut-être, nos sentiments s’émeuvent, des illusions voltigent devant nos yeux et nous nous élançons vers le but avec ardeur, que la divinité, pensons-nous, nous a désigné; mais ce que nous avions passionnément étreint sur notre poitrine nous rebute aussitôt, et toute notre existence s’en trouve anéantie.[2] »
Il nous faut donc examiner sérieusement si une profession nous enthousiasme réellement, si une voix intérieure l’approuve, (comme le daïmon de Socrate[3]) ou bien si l’enthousiasme n’est qu’erreur, si ce que nous avions pris pour un appel de la divinité n’a été que tromperie. Mais comment parvenir à la vérité, sinon en remontant aux sources mêmes de notre enthousiasme?
Peut-être que notre « idéal futur » ne fut qu’enthousiasme « du moment » ou « vaine chimère » qui ne se réalisera point, car nous n’avons pas assez soigneusement pesé toutes les implications et tous fardeaux que cela exige nécessairement et véritablement; nous ne l’avons vu que de loin, et les lointains sont trompeurs... Nous ne l’avons malheureusement pas disséqué et n’avons pas vu tous les angles et perspectives possibles que contient notre idéal du futur! Et qui pourra nous venir en aide et nous conseiller? Nos parents, qui ont déjà parcouru le chemin de la vie et éprouvé les rigueurs du destin, notre cœur les appelle. Même notre propre raison ne saurait être ici la conseillère; car ni l’expérience ni l’observation approfondie ne lui prêtent appui, alors que le sentiment nous trompe et que l’imagination nous aveugle de notre future carrière qui est mise sur un piédestal!!! Et si, ayant examiné, la tête froide, les charges et les devoirs de notre future carrière, nous l’aimons encore et que persiste le feu de notre vocation, plus rien ne s’oppose à ce que nous l’assumions pleinement. L’enthousiasme et la précipitation ne peuvent plus nous ébranler et nous égarer. Bien sûr qu’il y a des obstacles dans la vie et des circonstances qui nous font défaut - comme notre corps, notre tempérament, notre discipline, notre volonté, etc. alors si vous ne pouvez pas vaincre l’obstacle pour réaliser votre idéal de carrière future – il vous faudra consacrer tout votre talent et toute votre énergie à changer de direction. Nous subissons tous des échecs et éprouvons des regrets. Ce qui compte, c’est ce que nous en faisons. Personne ne peut être le meilleur. Mais si vous donnez le maximum, ou bien vous éliminez l’obstacle ou bien vous trouvez une autre solution.
Et, pour finir, celui qui se prononce pour un état qu’il tient en haute estime tremblera de s’en rendre indigne. Il agira donc noblement, car noble sera sa position future dans la société. L’idée maîtresse qui doit nous guider et régir dans le choix d’une profession, c’est le bien de l’humanité et notre perfectionnement. On aurait tort de croire que ces deux intérêts s’opposent nécessairement, que l’un doive fatalement ruiner l’autre : l’humaine nature est ainsi faite que c’est seulement en oeuvrant pour le bien et la perfection du monde qui l’entoure que l’homme peut atteindre sa propre perfection. En bref : « travailler d’arrache-pied et y mettre tout son cœur, voilà le véritable secret de la réussite alors ne renoncez jamais aux buts que vous vous êtes fixés, car le temps se chargera du reste…[4]»
[1] KARL MARX, in Philosophie, éd. Et trad. Maximilien Rubel et al., Paris, Gallimard-Folio, 1994. p.11.
[2] Ibid: p. 12.
[3] C’est une sorte de «voix intérieur» à laquelle il est impératif d’obéir!
[4] Pour prendre connaissance d’une réflexion philosophique sur le choix d’une profession à venir, voyez « méditation d’un adolescent devant le choix d’une profession » de Karl Marx dans ses écrits de jeunesse ou de KARL MARX, in Philosophie, éd. Et trad. Maximilien Rubel et al., Paris, Gallimard-Folio, 1994.





